Après avoir quitté M. Williams nous poursuivîmes notre route au milieu des bois. De temps en temps un petit lac (ce district en est plein) apparaissait comme une nappe d’argent sous le feuillage de la forêt. Il est difficile de se figurer le charme qui environne ces jolis lieux où l’homme n’a point fixé sa demeure et où règnent encore une paix profonde et un silence non interrompu. J’ai parcouru dans les Alpes des solitudes affreuses où la nature se refuse au travail de l’homme, mais où elle déploie jusque dans ses horreurs même une grandeur qui transporte l’âme et la passionne. Ici la solitude n’est pas moins profonde, mais elle ne fait pas naître les mêmes impressions. Les seuls sentiments qu’on éprouve en parcourant ces déserts fleuris où tout, comme dans le Paradis de Milton, est préparé pour recevoir l’homme, c’est une admiration tranquille, une émotion douce et mélancolique, un dégoût vague de la vie civilisée; une sorte d’instinct sauvage qui fait penser avec douleur que bientôt cette délicieuse solitude aura changé de face. Déjà en effet la race blanche s’avance à travers les bois qui l’entourent et, dans peu d’années, l’Européen aura coupé les arbres qui se réfléchissent dans les eaux limpides du lac et forcé les animaux qui peuplent ses rives de se retirer vers de nouveaux déserts. Pdf Page 27.
Embed from Getty ImagesKategorie: Reisebericht
Lettre à la cousine 1, Der Indianer im Allgemeinen und ein Häuptling im Besonderen
Lettre à la cousine, Madame La Comtesse De Grancey
New York, 10 octobre 1831, Voyages I, p. 179., pdf. p. 77 ff. 1. Teil
Nach sechs Wochen in dieser Stadt haben wir das Bedürfnis verspürt, uns mit etwas anderem als der Besichtigung von Gefängnissen zu beglücken. Wir waren entschlossen uns abzuseilen und einen Trip in den Westen zu machen. Wir wollten die Wildnis und die Indianer sehen. Wir sind mehr als 200 Meilen quer durch den Staat New York getreckt, stets den Fährten der wilden Stämme folgend und doch ohne jemals welchen zu begegnen. Die Indianer, so wurde uns erzählt, waren vor zehn Jahren noch hier, vor acht, sechs, zwei Jahren. Aber die europäische Zivilisation breitet sich wie ein Buschfeuer aus und jagt sie vor sich her. Wir sind schließlich in Buffalo angekommen um den Zugang zum Lake Superior und die Ufer des Lake Michigan zu erkunden. Embed from Getty Images
Ich hoffe, dass ich Dir eines Tages so einige Geschichten von dieser langen Reise erzählen kann, aber für heute muss ich mich kurz fassen. Diese Indianer sind schon merkwürdige Wesen: sie denken, wenn ein Mensch auch nur eine Decke hat, um sich warmzuhalten, Waffen um Wild zu erlegen und einen schönen Himmel über dem Kopf, braucht er nichts weiter zu seinem Glück. Wir waren entschlossen die Gelegenheit beim Schopf zu packen: flugs wurde unser Trip mal schnell um 500 Meilen ausgedehnt. Dieses Mal wurden wir rundum zufrieden gestellt. Wir sind an endlos weiten Küsten entlanggekommen, an denen die Weißen nicht einen einzigen Baum gefällt haben und wir haben eine große Anzahl Indianervölker besucht.
Es sind die stolzesten Wesen der Schöpfung: sie lächeln mitleidig, wenn sie sehen, welchen Aufwand wir hegen, um uns gegen Strapazen und schlechtes Wetter abzusichern. Und es gibt nicht einen unter ihnen, der, in seiner Decke am Fuß eines Baums zusammengerollt, sich nicht dem Präsidenten der Vereinigten Staaten oder dem Gouverneur von Kanada überlegen fühlt. Von meiner gesamten Ausrüstung beneiden sie mich nur um meine zweiläufige Flinte. Aber die macht auf ihren Verstand den gleichen Eindruck, wie das Gefängniswesen auf die Amerikaner. Ich erinnere mich u.a. an einen alten Häuptling den wir am Ufer des Lake Superior getroffen haben. Er saß nahe am Lagerfeuer, regungslos wie es sich für einen Mann seines Rangs geziemt.
Ich ließ mich neben ihm nieder und wir plauderten freundschaftlich mittels eines Franko-Kanadischen Dolmetschers. Er begutachtete mein Gewehr und bemerkte, dass es nicht wie das seine wäre. Ich sagte ihm, dass es gegen Regen beständig sei und selbst ins Wasser fallen konnte. Er weigerte sich, mir zu glauben, aber ich feuerte es ab, nachdem ich es in einen Bach getaucht hatte, der in der Nähe vorbeifloss. Bei diesem Anblick bezeugte der Indianer die tiefste Bewunderung.
Er untersuchte die Waffe aufs Neue und reichte sie mir mit Nachdruck zurück: “Die Väter der Kanadier sind große Krieger!“ Als wir uns trennten, bemerkte ich, dass er an seinem Kopf zwei lange Sperberfedern trug. Ich fragte ihn, was der Schmuck zu bedeuten habe. Bei dieser Fragen zeigte sich ein sehr einnehmendes Lächeln, bei dem gleichzeitig zwei Zahnreihen sichtbar wurden, die einem Wolf zur Ehre gereicht hätten. Er antwortete mir, dass er zwei Sioux getötet hatte (das ist der Name eines mit seinem Stamm befeindeten Stammes) und das er die Federn trage als Symbol für seinen zweifachen Sieg. “Erlauben Sie mir eine davon zu überlassen“ sagte ich “ich werde sie in mein Land nehmen und sagen, dass ich sie von einem großen Häuptling erhielt“. Es schien, als hätte ich eine empfindliche Stelle getroffen, denn mein Mann stand daraufhin auf, nahm mit einer Erhabenheit, die schon groteske Züge hatte, eine der Federn und übergab sie mir. Dann streckte er mir aus dem Inneren seiner Decke seinen nackten Arm und eine knochige Hand entgegen. Ich hatte Mühe, die meine zurückzuziehen, nachdem er sie gedrückt hatte.
In zeitgemäßes Deutsch übertragen von Robert Seidemann
Lettre à la cousine 1, L’indien en general et un chef en détail
Lettrer à la cousine, Madame La Comtesse De Grancey
New York, 10 octobre 1831, Voyages I, p. 179., pdf. p. 77 ff. Premiere Partie
Après six semaines de séjour dans cette Ville, nous avons senti le besoin de parier d’autres choses que de prisons, et nous nous sommes résolus à nous esquiver pour aller faire un tour dans l’Ouest. Nous voulions voir des déserts et des Indiens ; mais vous ne vous figurez pas la peine qu’on a à trouver maintenant ces deux choses en Amérique. Nous avons marché pendant plus de cent lieues dans l’État de New York, suivant toujours la piste des tribus sauvages et ne pouvant jamais les rencontrer.
Embed from Getty ImagesLes Indiens, nous disait-on, étaient là il y a dix ans, huit ans, six ans, deux ans ; mais la civilisation européenne marche comme un incendie et les chasse devant elle. Nous sommes enfin arrivés à Buffaloe, sur le bord des grands lacs, sans en avoir vu un seul. Le moyen de revenir en France sans rapporter dans sa tête son sauvage et sa forêt vierge ! Il ne fallait point y songer. Le bonheur a voulu que précisément à cette époque un vaisseau à vapeur partit de Buffaloe pour aller explorer l’entrée du lac Supérieur et les bords du lac Michigan. Nous nous sommes déterminés à saisir l’occasion, et nous voilà ajoutant un crochet de cinq cents lieues à notre voyage. Cette fois, du reste, nous avons été complètement satisfaits ; nous avons parcouru des côtes immenses où les Blancs n’ont point encore abattu un seul arbre-, et nous avons visité un grand nombre de nations indiennes. J’espère un jour pouvoir vous raconter bien des épisodes de ce long voyage, mais aujourd’hui il faut me borner. Ce sont de singuliers personnages que ces Indiens ! Ils s’imaginent que quand un homme à une couverture pour se couvrir, des armes pour tuer du gibier et un beau ciel sur la tête, il n’a rien à demander de plus à la fortune. Tout ce qui tient aux recherches de notre civilisation, ils le méprisent profondément. Il est absolument impossible de les plier aux moindres de nos usages.
Ce sont les êtres les plus orgueilleux de la création : ils sourient de pitié en voyant le soin que nous prenons de nous garantir de la fatigue et du mauvais temps ; et il n’y en a pas un seul d’entre eux qui, roulé dans sa couverture au pied d’un arbre, ne se croie supérieur au président des États-Unis et au gouverneur du Canada. De tout mon attirail européen ils n’enviaient que mon fusil à deux coups ; mais cette arme faisait sur leur esprit le même effet que le système pénitentiaire sur celui des Américains. Je me rappelle entre autres un vieux chef que nous rencontrâmes sur les bords du lac Supérieur, assis près de son feu dans l’immobilité qui convient à un homme de son rang. Je m’établis à côté de lui, et nous causâmes amicalement à l’aide d’un Canadien-français qui nous servait d’interprète. Il examina mon fusil, et remarqua qu’il n’était pas fait comme le sien. Je lui dis alors que mon fusil ne craignait pas la pluie et pouvait partir dans l’eau ; il refusa de me croire, mais je le tirai devant lui après l’avoir trempé dans un ruisseau qui était près de là. A cette vue, l’Indien témoigna l’admiration la plus profonde; il examina de nouveau l’arme, et me la rendit en disant avec emphase : « Les pères des Canadiens sont de grands guerriers ! » Comme nous nous séparions, j’observai qu’il portait sur sa tête deux longues plumes d’épervier. Je lui demandai ce que signifiait cet ornement. À cette question il se mit à sourire très-agréablement, montrant en même temps deux rangées de dents qui auraient fait honneur à un loup, et me répondit qu’il avait tué deux Sioux (c’est le nom d’une tribu ennemie de la sienne), et qu’il portait ces plumes en signe de sa double victoire. « Consentiriez-vous à m’en céder une, lui dis-je, je la porterais dans mon pays, et je dirais que je la tiens d’un grand chef. » Il parait que j’avais touché la corde sensible ; car mon homme se leva alors, et détachant une des plumes avec une majesté qui avait son côté comique, il me la remit ; puis il sortit de dessous sa couverture son bras nu, et me tendit une grande main osseuse d’où j’eus bien de la peine ensuite à retirer la mienne après qu’il l’eut serrée.
Lettre à la cousine 2, Quant aux Indiennes
Lettre à la cousine, Madame La Comtesse De Grancey
New York, 10 octobre 1831, Voyages I, p. 179., pdf.p. 77 ff., 2.partie, Les Indiennes
Quant aux Indiennes, je ne vous en dirai autre chose, sinon qu’il faut lire Atala avant de venir en Amérique. Pour qu’une femme indienne soit réputée parfaite, il faut qu’elle soit couleur chocolat, qu’elle ait de petits yeux qui ressemblent à ceux d’un chat sauvage, et une bouche raisonnablement fendue d’une oreille à l’autre. Voilà pour la nature: mais l’art vient encore à son aide. Une Indienne, pour peu qu’elle ait de coquetterie, et je vous assure qu’elles n’en manquent point, a soin non de se mettre du rouge, comme en Europe, mais de se dessiner sur chaque joue des lignes bleues, noires et blanches, ce qui est bien plus compliqué. Au reste, ce sont là les sentiers battus de la mode. J’ai vu de plus ici, comme en France, de grands génies qui innovent ainsi je me rappelle avoir rencontré une jeune Indienne dont le visage était peint en noir jusqu’à la ligne des yeux, et peint en rouge sur l’autre moitié; mais je pense que c’était là un essai qui peut-être n’aura pas été heureux. Vous savez que, quelle que soit l’influence que certaines personnes exercent sur la mode, elles ne réussissent pas toujours à faire adopter les singularités qu’elles inventent. Ce qui est plus général, on pourrait dire plus classique, dans la toilette des Indiennes, c’est de se passer un grand anneau dans la cloison du nez. Je trouve cela abominable; et cependant je vous demande très-humblement de m’expliquer en quoi il est plus naturel de se percer les oreilles que le nez. Il y a enfin un dernier point sur lequel les belles du lac Supérieur diffèrent des nôtres. Vous savez que chez nous on se met les pieds à la torture pour les forcer d’aller en dehors; croiriez-vous que les Indiennes ont le mauvais goût de se donner exactement la même peine pour les forcer d’aller en dedans ? Décidément ce sont de misérables sauvages. Quoi qu’il en soit, J’ai trouvé l’occasion d’acheter d’elles une espèce de soulier qu’elles portent dans les grandes occasions et nomment des mocassins. Si ces objets excitent le moins du monde votre curiosité, ce sera un véritable bonheur pour moi de vous les offrir. Il entrerait dans chacun de ces mocassins, si j’ai bonne mémoire, deux pieds comme les vôtres. Aussi ma prétention n’est-elle pas que vous les consacriez à votre usage. Embed from Getty Images
Brief an die Kusine 2, Über die Indianerin
Lettrer à la cousine, Madame La Comtesse De Grancey
New York, 10 octobre 1831, Voyages I, p. 179., pdf.p. 77 ff. 2. Teil, Die Indianerin
In Bezug auf die Indianerin kann ich nichts weltbewegend Neues erzählen, man muss halt Atala lesen, bevor man nach Amerika kommt. Möchte eine Frau hier als vollkommen gelten, so muss ihre Haut schokoladenbraun sein. Sie muss kleine Augen haben, die denen einer Wildkatze ähneln und einen Mund der von einem Ohr zum anderen zu reichen scheint mit breiten, schmalen Lippen. Soviel zur Natur. Aber die Kunst hilft auch hier nach. Eine Indianerin mag nicht wissen, was Koketterie ist, aber ich kann Dir versichern, dass es ihr nicht im Geringsten daran fehlt. Sie legt kein Rouge auf, wie man es in Europa kennt, aber sie malt sich blaue, schwarze und weiße Linien auf die Wangen, was mit Sicherheit viel schwieriger ist. Letztlich sind es die von der Mode eingeschlagenen Pfade. Ich habe hier sogar, ganz wie in Frankreich, große Genies mit innovativen Ideen erlebt. Ich erinnere mich, einer jungen Indianerin begegnet zu sein, deren Gesicht schwarz bemalt war bis zur Höhe der Augen und rot in der darüber liegenden Hälfte. Ich denke, das war kein besonders gelungener Versuch. Du weißt ja, wie groß auch immer der Einfluss sein mag, den gewisse Menschen auf die Mode ausüben, es gelingt ihnen doch nicht immer, Nachahmer für die Eigentümlichkeiten zu gewinnen, die sie sich ausgedacht haben. Was beim Outfit viel geläufiger ist, man kann sagen geradezu klassisch, ist ein Nasenpiercing mit einem großen Ring. Ich finde das abscheulich. Trotzdem muss ich Dich höflichst bitten mir zu erklären, was denn nun natürlicher sein soll: sich die Ohren oder die Nase zu durchstechen? Es gibt noch einen letzten Punkt, in dem sich die Schönheiten vom Lake Superior von den unsrigen unterscheiden. Du weißt genau, welche Qualen man den Füßen mit modischem Schuhwerk antut, wenn man mal ausgeht. Du wirst es kaum glauben, aber die Indianerinnen haben die blöde Angewohnheit, sich genau der gleichen Tortur zu unterziehen! Um es mal klar zu sagen: diese Wilden sind bedauernswert. Wie dem auch sei, ich hatte die Gelegenheit ein Paar von diesen schuhartigen Dingern zu erwerben, die sie bei wichtigen Ereignissen tragen und die sich Mokassins nennen. Wenn diese Gegenstände Deine Aufmerksamkeit auch nur im Geringsten zu erregen vermögen wird es mir ein Vergnügen sein, sie Dir zu schenken. Es passen, wenn meine Erinnerung nicht trügt, in jeden dieser Mokassins problemlos zwei Füße von Deiner Größe. Es liegt mir auch absolut fern, sie Dir zum Laufen zu empfehlen.
Übertragung in zeitgemäßes Deutsch: Robert Seidemann
Erkenntnis des Erhabenen in der Natur bei einer abendlichen Kanufahrt am Seginaw

Dieser Text spricht mir persönlich aus der Seele, insofern ich als Paddler die angesprochene Erfahrung schon selbst machen konnte. Mein deutscher Text reflektiert deshalb auch das, was ich dabei erfahren habe. Zu welch unglaublicher Nuancierung und Feinheit der Formulierungen der Reisende fähig war, kann man an diesem einen einzigen Satz ersehen. Da hilft beim Übersetzen nur eins: auseinandernehmen.
« Qui peindra jamais avec fidélité ces moments si rares dans la vie où le bien-être physique vous prépare à la tranquillité morale et où il s’établit devant vos yeux comme un équilibre parfait dans l’univers, alors que l’âme, à moitié endormie, se balance entre le présent et l’avenir, entre le réel et le possible, quand, entouré d’une belle nature, respirant un air tranquille et tiède, en paix avec lui-même au milieu d’une paix universelle, l’homme prête l’oreille aux battements égaux de ses artères dont chaque pulsation marque le passage du temps qui pour lui semble ainsi s’écouler goutte à goutte dans l’éternité. »
Philosophisch betrachtet ist die Passage ein wunderbares Beispiel für die Erkenntnis des Erhabenen. Das den Betrachter erhebende an der Schönheit der Natur ist das durch die Betrachtung ausgelöste Gefühl der Unendlichkeit, wo allein unsere Erkenntnis sich ästhetisch dem Absoluten und wenn man so will göttlichen für kurze Augenblicke nähert.
Tocqueville schildert ausführlich die Mittelbarkeit des Gefühls dieser Überwältigung, wobei er den Kreis der Allgemeinheit einschränkt: Wie sollen Menschen, die entsprechende Regionen gar nicht kennen, also sozusagen keine Paddler sind und nie sich der Wildnis näherten, ein solches Empfinden jemals haben können? Die Abwesenheit klarer Begriffe erklärt er mit einer vermeintlichen Unzulänglichkeit der Sprache. Dabei ist es doch stets diese Erfahrung und niemals das begriffliche Denken, was uns zu ästhetischen Urteilen berechtigt. Das Fehlen der Begriffe begründet das Urteil: „Schön ist, was ohne Begriff allgemein gefällt.“ (Kant, Kritik der Urteilskraft, §9/ S.879). Wie immer in solchen Situationen fehlen ihm die Worte, weil er etwas ausdrücken möchte, für das die Sprache und das Denken in Begriffen weitestgehend ungeeignet ist.
Eine abendliche Kanufahrt am Seginaw
Alexis de Tocqueville, Tocqueville au Bas-Canada. (Pdf S. 43/44), Sommer 1831:

Als der Abend gekommen war stiegen wir wieder ins Kanu. Wir vertrauten auf die am Morgen erworbene Geschicklichkeit im Umgang mit dem Boot um allein einen Seitenarm des Saginaw hinauf zu paddeln, den wir vorher nur eingesehen hatten. Der Himmel war klar und wolkenlos, kein Lüftchen regte sich. Der Fluss schob seine Wassermassen durch einen dichten Wald, war dabei aber so langsam, dass es beinahe unmöglich war, zu sagen in welcher Richtung die Strömung ging.
Nach meinem Empfinden muss man, um sich eine angemessene Vorstellung von den Wäldern der Neuen Welt zu machen, einem der Flussläufe folgen, die in ihrem Schatten dahinströmen. Die Flüsse sind hier wie Gleise. Die Vorhersehung hat großen Wert darauf gelegt, diese in die Wildnis zu legen um sie so den Menschen zugänglich zu machen. Wenn man sich durch den Wald einen Weg bahnt, ist der Blick meistens stark begrenzt. Darüber hinaus ist der Weg, auf dem man dann geht, Menschenwerk. Die Flüsse sind im Gegensatz dazu Wege, auf denen man keine Spuren hinterlässt. Ihre Ufer lassen alles erkennen, was eine üppige und sich selbst überlassene Natur an großartigen und wunderbaren Eindrücken zu bieten hat. Die Wildnis lag zweifellos so vor uns, wie sie sich schon dem Anblick unserer Urahnen vor 6000 Jahren dargeboten hat: eine blühende Abgeschiedenheit, köstlich und mit Duft erfüllt, eine herrliche Behausung, ein lebender Palast, für Menschen erbaut, bis zu dem aber der Herrscher noch nicht vorgedrungen war. Das Kanu glitt leicht und geräuschlos dahin. Um uns herum herrschte eine unfassbare Ruhe und majestätische Stille. Wir waren völlig ergriffen und gebannt vom Anblick eines solchen Schauspiels. Unsere Dialoge wurden zunehmend spärlicher. Bald schon tauschten wir unsere Gedanken nur noch flüsternd aus. Schließlich verstummten wir gänzlich, zogen im Gleichklang unsere Paddel durchs Wasser und verfielen dabei beide in eine gelassenen Traumzustand von unaussprechlichem Zauber.
Wie ist zu erklären, dass die menschlichen Sprachen, die Begriffe für alle Arten von Schmerzen gefunden haben, auf unüberwindliche Schwierigkeiten stoßen, wenn es darum geht den zartesten und natürlichsten Empfindungen unseres Herzens Ausdruck zu verleihen? Wer vermag jemals verlässlich jene seltenen Augenblicke im Leben auszumalen in denen das eigene Wohlbefinden uns den Weg bereitet zur spirituellen Gelassenheit und wo sich vor unseren Augen ein vollkommenes, universales Gleichgewicht einstellt während der Geist, halb träumend, sich auf dem schmalen Grat zwischen Gegenwart und Zukunft, zwischen Realem und Möglichem bewegt. Umgeben von einer wunderbaren Natur atmen wir, mit uns selbst im Reinen und inmitten eines universellen Friedens, eine sanfte und feuchte Luft. Wir richten unsere Aufmerksamkeit auf das gleichmäßige Klopfen in unseren Arterien, von denen jeder einzelne Pulsschlag das Vergehen der Zeit markiert, die uns Schlag um Schlag in die Ewigkeit zu entschwinden scheint. Zahlreiche Menschen haben im Laufe eines langen Lebens vielleicht eine Vielzahl an Jahren vorüberziehen sehen ohne auch nur ein einziges Mal etwas vergleichbares zu empfinden, wie wir es gerade zu beschreiben versuchten. Diese können uns nicht verstehen. Aber es gibt doch einige, davon sind wir überzeugt, in deren Gedächtnis und im Grund deren Herzens etwas anklingt, das sich zu unseren Bildern zusammenfügt und bei denen eine Erinnerung an diese wenigen flüchtigen Stunden erwacht, die weder die Zeit noch die Geschäftigkeit des Alltags auszulöschen vermögen.
Deutsche Übertragung: Robert Seidemann
Une escapade tardive sur la Saginaw
Alexis de Tocqueville, Au Bas-Canada. (Pdf S. 43/44) en été 1831:

« Le soir étant venu nous remontâmes dans le canot et, nous fiant à l’expérience que nous avions acquise le matin, nous partîmes seuls pour remonter un bras de la Saginaw que nous n’avions fait qu’entrevoir. Le ciel était sans nuages, l’atmosphère pure et immobile. Le fleuve roulait ses eaux à travers une immense forêt, mais si lentement qu’il eût été presque impossible de dire de quel côté allait le courant. Nous avons toujours éprouvé que, pour se faire une idée juste des forêts du Nouveau Monde, il fallait suivre quelques-unes des rivières qui circulent sous leurs ombrages. Les fleuves sont comme de grandes voies par lesquelles la Providence a pris soin, dès le commencement du monde, de percer le désert pour le rendre accessible à l’homme. Lorsqu’on se fraye un passage à travers le bois, la vue est le plus souvent fort bornée. D’ailleurs le sentier même où vous marchez est une œuvre humaine. Les fleuves au contraire sont des chemins qui ne gardent point de traces, et leurs rives laissent voir librement tout ce qu’une végétation vigoureuse et abandonnée à elle-même peut offrir de grands et de curieux spectacles. Le désert était là tel qu’il s’offrit sans doute il y a six mille ans aux regards de nos premiers pères; une solitude fleurie, délicieuse, embaumée; magnifique demeure, palais vivant, bâti pour l’homme, mais où le maître n’avait pas encore pénétré. Le canot glissait sans efforts et sans bruit; il régnait autour de nous une sérénité, une quiétude universelles. Nous-mêmes, nous ne tardâmes pas à nous sentir comme amollis à la vue d’un pareil spectacle. Nos paroles commencèrent à devenir de plus en plus rares; bientôt nous n’exprimâmes nos pensées qu’à voix basse. Nous nous tûmes enfin, et relevant simultanément les avirons, nous tombâmes l’un et l’autre dans une tranquille rêverie pleine d’inexprimables charmes.
D’où vient que les langues humaines qui trouvent des mots pour toutes les douleurs, rencontrent un invincible obstacle à faire comprendre les plus douces et les plus naturelles émotions du cœur ? Qui peindra jamais avec fidélité ces moments si rares dans la vie où le bien-être physique vous prépare à la tranquillité morale et où il s’établit devant vos yeux comme un équilibre parfait dans l’univers, alors que l’âme, à moitié endormie, se balance entre le présent et l’avenir, entre le réel et le possible, quand, entouré d’une belle nature, respirant un air tranquille et tiède, en paix avec lui-même au milieu d’une paix universelle, l’homme prête l’oreille aux battements égaux de ses artères dont chaque pulsation marque le passage du temps qui pour lui semble ainsi s’écouler goutte à goutte dans l’éternité. Beaucoup d’hommes peut-être ont vu s’accumuler les années d’une longue existence sans éprouver une seule fois rien de semblable à ce que nous venons de décrire. Ceux-là ne sauraient nous comprendre. Mais il en est plusieurs, nous en sommes assurés, qui trouveront dans leur mémoire et au fond de leur cœur de quoi colorer nos images et sentiront se réveiller en nous lisant le souvenir de quelques heures fugitives que le temps ni les soins positifs de la vie n’ont pu effacer. »